La mahr (ma(h)r)

La créature dénommée la mahr était dans le folklore germanique un esprit à l'origine du cauchemar « Le piétinement de la mahr ». Selon certaines sources, ce démon populaire était l'esprit d'une femme quittant son corps lors de son sommeil afin de tourmenter l'être aimé. Si le corps de la femme était déplacé, elle ne pouvait pas le réintégrer. Pour d'autres sources, cette créature qui visitait les hommes endormis était considérée comme l'esprit ou l'âme et revêtait une forme animale, voir d'un tourbillon de vent. En Germanie Supérieure, le cauchemar était dénommé Trude, Schrat, Ratz, Ratzele ou Doggele.

Selon les recherches de Claude Lecouteux, professeur à Paris-Sorbonne, médiéviste et Docteur en études germaniques, les personnes douées de la capacité à engendrer la ma(h)r étaient dénommées en dialectes allemands Schrottel où survivait une notion de malignité, Schreckli transcrivant l'effroi provoqué, Trude ou Drude, Drudenmensch, Alp, Walriderske « Celle-qui-chevauchait-le-bâton », Hexe « Sorcière » et Marriden « La ma(h)r chevauchante », synonyme de sorcière. Le folklore hongrois utilisait les termes Lidércnyomas, composé de Lidérc « Cauche-mar » et les Lituaniens le nommaient Slogutis « Celle-qui-opprime-les-dormeurs » (pl. Slogučiai).

Par ailleurs, les Truden et les Alben étaient assimilés à des sorcières et attaquaient autrui par leur alter-ego. Afin de se débarrasser de ces êtres, le folklore nous informa que positionner sur le ventre le détenteur de la mahr entraînait indubitablement la mort physique du possesseur car le double entrait et sortait par la bouche. Il ne fallait pas toucher ou déplacer le corps physique où l'âme ne pouvait plus entrer dans le corps.

Afin de se protéger de l'entité dénommée cauchemar, différents procédés religieux ou païens étaient recensés. Les hommes avaient ainsi à leurs dispositions les moyens chrétiens, par exemple l'eau bénite et le signe de la croix, ou des dispositions païennes, par exemple des charmes de toutes sortes destinés à faire fuir ou repousser les cauchemars.

Lorsqu'elle cauchait – chevauchait – la mahr pressait violemment la poitrine de sa victime et celle-ci ressentait une forte oppression ou une gêne pour respirer. Certains cauchemars suçaient le sang des hommes lors de leur sommeil. Le cauchemar fut assimilé à l'entité appelée Alp.